Notre organisateur de navette sur Porcupine Rim, Bryan, nous avait dit : « Si vous voulez rouler à la fraiche, même l’après-midi, il y a un parcours à faire absolument, c’est Moonlight Meadow« .
De retour du désert brulant de Fruita – Colorado, il nous tardait de voir à quoi ressemblaient ces montagnes de La Sal, situées à une vingtaine de miles au sud-est de Moab et entourées par l’immense forêt de Manti La Sal.
Ici, on est un peu dépassé par les notions d’altitude. D’abord les américains ont gardé cette vieille et mauvaise habitude de tout compter en feet, et c’est très casse-pieds. Ensuite, on associe plus facilement chaleur et désert à faible altitude. Et pourtant, la Spanish Valley au bout de laquelle se loge Moab est un plateau qui s’élève déjà à 4000 pieds, soit 1220 mètres ! Alors quand on voit le Mount Peale, si proche, qui chapeaute les sommets de La Sal, culminer à 3880 m, on prend conscience qu’il y a ici de vraies montagnes à une bonne demi-heure de voiture du désert.
[singlepic=145,300,200]Pour ce petit parcours on a gardé notre rythme matinal et c’est à la fraîche que nous quittons le camping après le traditionnel détour café chez BK. Le ciel est pommelé et même carrément plombé sur l’horizon, il ne manquerait plus que l’orage nous tombe dessus pour notre unique sortie montagnarde ! Mais une fois encore, les nuages sont allés se déverser sur un état voisin nous laissant apprécier pleinement les singletracks en prairie et sous-bois.
[singlepic=150,300,200]Au fur et à mesure que nous montons la route, puis la large piste de montagne, la température s’abaisse progressivement tandis que le paysage change à chaque étage. D’abord les roches rouges façon Estérel, puis de la végétation éparse, suivie de grasses prairies vertes, et enfin les premières forêts de trembles, les aspen trees, sortes de bouleaux au tronc plus fort et plus haut et à l’écorce blanche.
Le ciel très changeant et la lumière rasante du matin nous offrent un nouveau décor à chaque virage, avec des plans qui ressortent et puis s’effacent, et le contraste irréel du vert intense sur un fond de désert de canyons ocre jaune.
[singlepic=155,300,200]Moonlight Meadow, « la prairie du clair de lune », doit sans doute son nom au back country skiing — le ski de randonnée — qui se pratique dans le coin en hiver. La descente peu pentue et bien dégagée s’ouvre au loin sur toute la vallée et le désert. Imaginez alors le jeu qui consiste à monter à Geyser Pass en fin d’après-midi, à l’époque de la pleine lune, avec picnic, réchaud ou boissons chaudes pour attendre la nuit et le lever de lune, afin de redescendre sur la neige bleutée face au désert rouge foncé à la seule lumière de l’astre lunaire. Tout un programme !
Nous ne connaîtrons pas ces sensations hivernales nocturnes, mais profitons quand même du spectacle contrasté de cet ilot de verdure au-dessus de l’aridité des dunes pétrifiées.
La montée de 8 km est avalée tranquillement jusqu’au carrefour de pistes de Geyser Pass, à 3200 m (soit plus haut que notre toit du Mercantour, le Gélas !), les coupe-vents ne sont pas de trop. On a pas vu d’ours, mais plusieurs quads bruyants sont déjà passés.
[singlepic=160,300,200]Comme d’habitude, je jardine un peu avec les indications du road book et la signalétique pas toujours limpide, puis nous entamons la descente par une première prairie suivie d’un sous-bois très ludique où il faut avoir l’oeil à la fois sur les racines qui tricotent et les troncs qui rabotent nos cintres. On passe au milieu d’un troupeau de vaches noires. Pour tout dire, on est à peine dépaysés par un terrain finalement assez proche de nos forêts alpines, en plus haut.
Arrivés près d’un petit lac, Susie nous fait sa première crevaison du séjour. Son Fat Albert vieillissant s’est fendu sur le flanc, et le liquide préventif ne parvient pas pour une fois à colmater la fuite.
[singlepic=167,300,200]Suivent quelques poussettes et de belles portions descendantes avant la traversée de la forêt de trembles de toute beauté.
Un petit mot laissé sur le log book des services forestiers, dans son pupitre abrité. Présent sur tous nos parcours, c’est un moyen intelligent d’établir des statistiques et de recueillir des commentaires, tout en offrant une sécurité supplémentaire en cas d’accident dans des zones parfois sauvages.
Puis nous redescendons, ravis, vers la fournaise Moabienne pour y tester de nouveaux parfums de bière fraîche !
Oh ces forêts de boulots, comme dans les vidéos ! Oh ces couleurs, comme les jours d’orage ! Oh ce site, qui ne cesse de nous faire rêver !!! Succulant.
Merci Greg ! toujours très encourageant comme d’hab’
D’autres billets/galeries à venir, ainsi que le « teaser » de la vidéo du bike trip…