La petite ville de Moab, environ 5000 âmes, a eu plusieurs vies. Nichée dans une verte vallée enserrée dans un bras de la rivière Colorado, elle a d’abord vu passer des peuples nomades tels que les Utes, appelés ici « Native Americans » ou Amérindiens, puis au 18ème siècle des Espagnols venus du Mexique, suivis au 19ème siècle par les Mormons, dont la culture et la religion — une vision extrémiste très interprétée du Christianisme, avec entre autre la polygamie autorisée jusqu’à fin 19ième — sont restées fortement ancrées dans l’Utah.
La ville ne naît réellement qu’au début des années 1900, avec d’un côté les cultures maraîchères et de l’autre l’exploitation minière de l’uranium, puis le potasse, le pétrole et le gaz.
Heureusement pour la région, l’industrie minière perd sa rentabilité dans les années 50 tandis que la beauté des grands espaces commence à attirer les visiteurs. La création des premiers parcs naturels finit par ancrer définitivement la ville et sa région dans le tourisme et les activités de loisir outdoor.
Entrer dans Moab au petit matin, en venant de la 191 North, c’est se retrouver plongé dans la lumière orange vif de la paroi Ouest du canyon, avec la fraîcheur des 4000 pieds (1200 m) d’altitude du plateau.
Une fois passés les nombreux motels et RV parks (campings pour motor-homes), on débouche dans la très large Main Street, où avec un minimum d’imagination, on voit facilement la terre sous le bitume, avec les diligences, les chevaux et les façades de bois ou de briques rouges typiques alignées comme dans les films de western.
Certaines d’entre-elles sont encore bien debout, tandis que l’attrait touristique a permis de sauvegarder et restaurer l’essentiel.
Certes, on est ici très loin du village pittoresque français avec sa rue piétonne fraîchement repavée et ses jardinières bichonnées. Ici, Main Street est avant tout un axe de liaison entre le Nord et le Sud, avec l’Arizona voisin.
Les énormes camions rutilants y croisent au même niveau que les gros pickups, les motor-homes, les hordes de Harleys et aussi les très nombreux vélos, le tout, avec ou sans remorque.
Mais la largeur même de cette artère (5 voies plus les larges trottoirs), la hauteur limitée à un étage des habitations, et le respect très strict des 25 mph fait que le bruit y est modéré et l’air respirable.
Et il suffit de s’aventurer dans les perpendiculaires Est ou Ouest pour être aussitôt plongés dans le calme, la verdure, et les villas de briques ou de bois caractéristiques, aux pelouses impeccables exemptes de toute clôture, au drapeau fièrement arboré, devant un auvent de bois sur lequel figure au moins un fauteuil à bascule ou une balancelle.
Ici, le touriste, surtout s’il est sportif, est le bienvenu. L’essentiel de l’activité de la ville balance entre restauration, hôtellerie, boutiques de souvenirs et shops outdoor (moutain bike, ATVs (quads), location de matos, organisation d’excursions, rafting, kayak, cheval, 4×4 extrême, escalade, hiking, etc.).
Moab est aussi une ville artistique où de nombreux créateurs exposent et vendent leurs productions sur place. Des événements y sont organisés toute l’année.
Pendant notre séjour avait lieu le Moab Music Festival avec des concerts organisés sur des sites naturels, combinant créativité humaine et naturelle. Mais il nous aurait fallu plus de temps pour en profiter…
Kokopelli est un personnage mythique qui est sans doute le symbole officieux de la ville tant il est décliné sous toutes formes et en tous lieux. Ce joueur de flûte retrouvé sur de nombreuses gravures rupestres et objets d’art Amérindiens de la région et présent également dans d’autres parties du continent, est symbole de fertilité, de joie, de fête et de longue vie. Kokopelli possède la sagesse de l’âge. Sa plus grande leçon semble être de nous montrer que nous ne devrions pas prendre la vie trop au sérieux.
Il a donc logiquement donné son nom au plus grands trail de la région, 146 miles qui relient Moab à Fruita (Colorado) par les pistes et les sentiers.
Créé par par des visionnaires au début des années 90, il est à l’origine de la première MTB organization « COPMOBA » qui a établi un partenariat avec le BLM (Bureau Of Land Management) — une sorte de mix de notre DDE et de l’ONF — pour tracer, construire et entretenir ce trail, et donner naissance par la suite à de nombreux parcours aménagés, à la fois côté Utah et côté Colorado.
A lire aussi l’éthique du Mountain Bike dans le Colorado.
« … Enjoy the trails and remember to keep the singletrack single! »
Things to know in Moab
« 8 lessons learned the hard way! » (Rider Mel’s MTB guide to Moab) 😉
- Déclencher une arme nucléaire est illégal
- Ne pas boire de lait est illégal
- Les oiseaux ont la priorité sur les autoroutes
- La chasse à la baleine est illégale
- Faire l’amour à l’arrière d’une ambulance lorsqu’elle répond à une urgence est illégal
- Pêcher depuis le dos d’un cheval est illégal
- La bière vendue dans les épiceries ne doit pas dépasser 3,2% d’alcool
- Les clubs privés peuvent vendre de l’alcool plus fort mais vous devez être membre (ou être parrainé par un membre)
J’ai beaucoup aimé le Jailhouse où on a pris un petit déj royal. Trop bon. C’est le lieu où on prend son temps pour savourer les pancakes avec le sirop d’érable, les bacons grillés, le jus, le café à volonté mais après pas de vélo parce que trop patapouffff…
Eh bien c’est justement l’objet du billet suivant, avant de retourner au Mountain Bike pour ceux qui n’attendent que ça !