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Transv 2016 goes “Ultra”

par | 19 mai 2016 | 0 commentaires

Tout ça, c'est de la chimie ! La passion, les émotions, les réactions, et les souvenirs indélébiles qu'elle produit.

Alchimie

Des émotions, peu d’évènements sont capables d’en générer autant et aussi intenses, non seulement pendant, mais aussi bien longtemps avant et après le jour de la course.

« Agitateur d’émotions » est donc un métier d’alchimiste, et avec l’UCC, George Edwards concepteur de la Transvésubienne en 1988, en est un des spécialistes.

Cette 24ème édition marquera un tournant dans l’esprit du passionné de Vélo de Montagne, car après une édition 2015 au format marathon extrême « +100 », la nouvelle formule, bien que toujours aussi exigeante pour les corps et les machines, en faisait douter plus d’un avant le départ.

Et maintenant ? Lisez et regardez plutôt ce qui suit, et posez-vous enfin la simple question : « Pourquoi pas moi ?« 

Quelques minutes avant le départ de l’UltraTransv à la Colmiane.

« Parcours historique »

En préambule incontournable : Pour aborder cette course mythique, ce qui ne changera jamais, c’est la préparation qu’elle exige sur les trois plans : physique, technique, et matériel, auxquels on rajoutera pour la bonne forme l’indispensable mental !

Ainsi la Trans50 expérimentée l’année passée est tout sauf une « course au rabais », et le parcours « historique » (plus proche des 65 km) qu’elle propose désormais ouvre à nouveau la porte à « l’amateur éclairé », avec un départ depuis la Colmiane et un cheminement à travers tous les passages d’exception et de technicité qui ont bâti la légende, lit du Paillon et tunnel routier exceptés (ce que personne ne regrettera aujourd’hui).

En ce qui concerne l’UltraTrans, les chiffres parlent d’eux-même, et ils sont pourtant loin d’exprimer tous les obstacles, les galères, les chutes, les casses et autres évènements de course, le tout dans un des plus beaux cadres vététistiques de la planète.

Le franchissement de la première « bosse » de la course avec la montée au Pic de Colmiane dans des conditions boueuses.

L’incontournable progression de l’assistance électrique

Et puis il y a les VAE de l’E-Bike Serie ! Présents depuis 2012, sur l’UltraTrans comme la Trans50, c’est une catégorie qui prend sa place encore timidement sur la TransVésubienne, contrairement aux autres épreuves du challenge, et ce malgré l’explosion du marché sur ce segment. La raison principale est essentiellement  technique : avec un unique changement de batterie autorisé et strictement réglementé sur le parcours, c’est une nouvelle gestion de l’effort associé à celle tout aussi pointue de la mécanique.

Le VTT assisté génère encore beaucoup de réactions, parfois tranchées, il est pourtant amené à se développer de façon majeure, en course comme en randonnée.

Dans la mesure où les normes de puissance et de mode d’assistance sont bien respectées et surtout bien contrôlées, ils permettent à des catégories de pratiquants moins athlétiques, voire déficients (âge, santé, dotation génétique des ascendants…) d’accéder à une pratique restée jusque-là hors de leur portée.

La vingtaine de VAE de l’UltraTrans prêts pour le départ, une heure après celui des VTT.

Pour autant, sur la vingtaine de VAE présents sur le format UltraTrans, que des très bons pilotes, parfois même anciens vainqueurs de l’épreuve ou médaillés sur d’autres courses. La discipline en est encore au stade de la promotion et du banc de test matériel sur la Transv, mais de fort belle manière puisque non seulement la plupart terminent, mais exploitent pleinement le potentiel de leur machine en explosant les temps sur les spéciales tout comme sur le marathon.

Attention, aucune comparaison n’est permise et encore moins souhaitable ! Le VAE est une discipline de VTT spécifique qui possède ses propres règles et son propre classement. Le fait qu’il partage le même terrain sur la même course ne tient que parce que leur nombre est encore symbolique.

Un jour viendra où ce nombre sera suffisamment conséquent pour justifier à lui seul l’organisation d’une épreuve spécifique, mais on peut faire confiance au grand gourou pour déjà entrevoir ce futur 😉

Départ des VAE de l’UltraTrans en mode sprint à l’attaque.

Briefing et météo

Les pilotes pro, les champions, les noms connus du circuit, tout a déjà été dit à leur sujet dans les nombreux articles publiés après la course. Alors on va s’intéresser un peu aux autres, tous ces anonymes qui la jouent soit chrono soit rando, avec pour objectif avoué, ce petit sticker « Finisher » tellement symbolique à l’arrivée !

Samedi après-midi, le doute s’est installé aux premières gouttes du gros orage qui a sévit sur la région et le Mercantour. La route de la Colmiane s’est chargée d’une épaisse couche de grêle à peine tracée par les quelques voitures qui me précèdent. Je suis en moto, sous des trombes d’eau, et au bord de l’hypothermie !

Des Transv pluvieuses et/ou neigeuses, il y en a eu plusieurs par le passé, et cela complique parfois beaucoup les choses, pour les pilotes comme pour les organisateurs, jusqu’à l’annulation pure et simple comme en 1997 (j’y étais !).

Le bulletin météo de la veille reste incertain et aléatoire même si le briefing du samedi soir se déroule avec un soleil couchant encourageant. Mais la chance est de retour avec un ciel quasi dégagé le lendemain et un noeud en moins dans l’estomac déjà torturé de certains concurrents. Ils en seront quitte pour un première partie boueuse et glissante, mais sous le soleil et avec la mer de nuages en prime sur le travers des Deux Caires.

La procession des concurrents encore groupés sur le travers du col de Varaire et sous le soleil matinal.

Le format Trans50

Le concept de cette Transv50 est super bien foutu ! Pour des mecs comme moi qui ont commencé le vtt assez tard, sans pour autant avoir une caisse de folie et une grosse technique de pilotage ! — Alex

Un format idéal pour se tester sans se mettre minable ! — Jean

C’est une histoire différente, moins inhumaine que l’Ultra : Plus de plaisir et moins de souffrance, ou plutôt même souffrance mais écourtée 😉 — Rémi

Avec 195 partants et 108 classés seulement pour la Trans50, y compris les VAE, la formule a progressé en nombre mais est encore en observation par certains. Pourtant, à lire les très nombreux commentaires unanimes et compte-rendus échevelés des participants, à quelques détails près, le format leur a paru idéal, jusqu’au spot d’arrivée à Rimiez, pourtant déconnecté de la symbolique grande Bleue.

Parmi les critiques qui m’ont été remontées, la petite boucle sous Utelle diversement appréciée, la descente sur Levens le long du grillage qualifiée de « tracé à l’arrache », le mont Cima que certains verraient avantageusement remplacé par le beau Férion, surtout pour la descente sur Aspremont jugée « trop engagée », et le final qualifié de « session jungle freeride à passer en rappel ». Il faut dire qu’avec l’urbanisation croissante des collines de Nice chaque année, il devient difficile d’établir une fin de parcours au niveau de ce qui a précédé ! A noter aussi la porte horaire de Pont de Cros jugée un peu juste par certains.

Enfin une portion de balisage purement et simplement supprimée par l’organisation du trail de Falicon semble-t-il, qui passait aussi par le mont Chauve le lendemain, ce qui a sans doute coûté le podium au pilote Specialized Christophe Sauser, perdu (une fois de plus) dans les nombreuses variantes de la colline Niçoise.

Alexis Chenevier sera le premier à joindre Utelle avec une avance de quelques minutes sur ses poursuivants.

Louanges

Sur le plan des commentaires positifs, ça dépote pas mal !

De Andrion à Pont du Cros, c’est vraiment un must du 06, faut lever les yeux, c’est à « tomber » !

Le Brec d’Utelle c’est dur mais tellement mythique !

Les Ultras, quand ils ont +2500m de plus dans les pattes, ça les rend vachement plus accessibles 😉

La descente du mont Chauve quand on voit la baie des Anges, ça vaut son pesant de cacahuètes !

Rimiez c’est top pour une arrivée avec des tables à l’ombre etc. mais j’imagine que les estrangers préfèreraient voir la mer…

La TransV Colmiane/Nice, c’est « LA Course » mythique et même avec une coupe de 6 bornes, elle reste très exigeante et d’une beauté incroyable…

Tandis que sur la TransEnduro, les deux spéciales longues et variées ont été plébiscitées, malgré des liaisons assez longues, ce qui était incontournable compte tenu du dénivelé positif important.

L’espagnol Nicolas Cambus, premier Espoir.

Le mur de la balise 113

Le public était bien présent à partir d’Utelle, où l’ambiance était à la fête autour du ravitaillement, et de la bifurcation Ultra/50.

A la célèbre balise 113 qui domine le village perché d’Utelle, la plupart des concurrents attendaient « la marche » à droite. C’était sans compter les souhaits de renouveau du grand gourou qui a préféré envoyer les pilotes à gauche, pour une toute autre difficulté , sous la forme d’une dalle assez raide d’une vingtaine de mètres parsemée de petits obstacles minéraux et végétaux, au bout de laquelle démarrait un nouveau sentier à 90° pour rejoindre le village.

A ce jeu, la technique et les facultés d’adaptation des pilotes déjà bien entamés par la descente du Brec font la différence, tandis qu’esthétiquement, ça n’est pas moins intéressant que la fameuse marche 🙂

Le finlandais kari Veikkolainen cherche une trajectoire alternative.

La voix du public

Au passage des premiers pilotes, le public est silencieux et hypnotisé devant la difficulté du passage et la façon dont les premiers s’en sortent, généralement plutôt bien.

Puis certains spectateurs prennent de l’assurance et éprouvent le besoin de donner des indications, voire même des conseils : « Tout de suite à gauche« , « Attention doucement« , « C’est tout droit jusqu’en bas« , « Tourne à droite en bas« , etc.

Certains pilotes sont résolument sourds aux voix dissonantes, d’autres sont bien plus perméables et voient leur stress monter en flèche et s’additionner à la difficulté qu’il doivent analyser en quelques secondes !

Ici, abstraction du public, maitrise du regard, de la trajectoire et surtout du touché de frein avant étaient les clés, et tous ne les avaient pas.

Greg Doucende maitrise les passages tendus.

Garder le contrôle du frein avant, pincer les lèvres est facultatif 🙂

Claude Vergier, ex-vainqueur de la Transv, en VAE à l’entrée d’Utelle.

Début de descente scabreux vers le col de l’Ambellarte pour les Ultras qui s’offrent le supplément de la Madone d’Utelle.

Il se dit souvent que la course commence vraiment au Pont de Cros, au franchissement de la Vésubie sous le Cros d’Utelle, point le plus bas du parcours avant l’arrivée.

Tiens, deux potes de l’ASCvtt qui avaient décidé de rouler « plaisir » avant tout ! Comme ils se trouvent en avance sur la porte horaire la plus délicate du parcours, ils décident de faire une pause pâte de fruit à l’ombre, avant d’attaquer les longs portages/poussettes qui suivent jusqu’à Levens, puis le Cima, et enfin le Chauve.

On tape la discute cinq minutes, et il reprennent le GR5 vélo sur le dos, avec l’intention de profiter au maximum des descentes, de la nature et des paysages. Serait-ce là la philosophie Trans50 ?

La belge Kristien Achten, 2ème féminine sur les 3 classées de l’UltraTrans, sort du mont Chauve à 16 minutes de Nadine Sapin.

La sortie du mont Chauve avec l’impressionnante vue sur Nice et la baie des Anges avant de plonger vers l’arrivée.

Le podium scratch avec les deux seules féminines arrivées à l’heure de la cérémonie.

Epilogue

Alors cette dépression post-transv ? Est-ce que l’engloutissement de quelques pizzas ou pans-bagnats géants arrosés de boissons houblonnées sélectionnées ont réussi à apaiser ce vide d’émotions qui ne survivent plus qu’à travers les discussions d’anciens combattants, ou les photos/vidéos et autres compte-rendus étalés sur les réseaux sociaux ?

Et est-ce que Transpi, légende vivante de la Transv, contraint pour la première fois à l’abandon après plus de 20 participations à cause d’une lourde chute dans la spéciale 2 du samedi, remettra-t-il le couvert en 2017 ?

Et vous qui avez terminé la Trans50 pas trop détruit, l’Ultra ne deviendrait-elle pas un objectif atteignable ?

Et enfin vous qui avez fait l’impasse cette année ou freinez encore à vous inscrire pour la première fois dans la légende, hésitez-vous encore ?

Et n’oubliez pas : « Only the braves ! »

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