Partis du vallon de la Lausetta où nous avons passé la nuit, 600m juste sous cette fameuse crête, l’idée était de boucler un parcours aux sublimes lacs de Lausfer par une autre voie que la classique descente par le Pas de Ste Anne.
Une trace trouvée sur Visugpx, semble-t-il déjà roulée, proposait justement de descendre directement depuis les lacs par le vallon du Lausfer, via un sentier balisé jusqu’à la Guercha Soubeïrane.
« Topotisation » : la méthode
La recherche et le choix d’un parcours à VTT cumule une somme aujourd’hui importante d’applications, d’outils et d’expérience.
Autrefois (c’était il y à plus de 15 ans), la matière était nettement plus limitée : d’un côté les quelques rares guides et fiches randos de magazines spécialisés, de l’autre les excellentes cartes IGN d’état major au 1:25 000, devenues au fil du temps « Série Bleue » puis « Top25 », et qui outre leur extrême finesse topographique, mettaient en évidence le moindre sentier muletier, balisé randonnée ou pas.
Donc soit on appliquait tant bien que mal un topo parfois incomplet sur la carte, soit pour les défricheurs aventureux, on traçait directement sur celle-ci un parcours en reliant différents pointillés, avec une évaluation à la louche de la distance et du dénivelé, et sans aucune assurance d’une quelconque roulabilité.
Aujourd’hui ce temps parait loin. Il y a profusion de guides, imprimés et/ou en ligne, d’applications, pour la plupart communautaires, avec des milliers de traces GPS parfois détaillées avec leurs niveaux de difficulté, leurs pourcentages de bitume, de pistes, de sentiers, de pente, des notations, des commentaires, des « heatmaps » (visualisation de la fréquentation par les utilisateurs de l’appli Strava), et moult photos et vidéos embarquées pour illustrer le tout.
Alors on pourrait se dire qu’il est facile de trouver la rando parfaite correspondant à notre région, nos envies, nos capacités, mais… c’est parfois plus compliqué.
Comme pour le flot continu d’informations de nos jours, la quantité est souvent inversement proportionnelle à la qualité. Il est par ailleurs de plus en plus difficile de ne pas se perdre entre les différentes applis, les formats, les pratiques qui se confondent, les descriptifs parfois biaisés, les dates de création, les retours très subjectifs, ou parfois aussi, l’absence totale d’information sur une trace donnée !
Les applis
Pour ma part j’utilise un mix de sources telles que vttour.fr (l’ancêtre incontournable avec son cousin skitour, refondu en 2023) associé à l’excellent visugpx.com (sur lequel j’élabore mes traces), mais aussi strava.com (pourvoyeur des Kom, parfois décriés), trailforks.com (la grosse plateforme américaine de Pinkbike, inégalement utilisée en France), et plus rarement vttrack.fr, utagawavtt.com, komoot.com, wikiloc.com, et j’en oublie forcément…
L’idée de base étant d’aller aux magnifiques lacs du Lausfer 2350m, je souhaitais tester deux variantes à l’aller comme au retour. Car même après trente années de VTT, l’envie de découverte et de nouveauté ne s’est jamais tarie !
Pour monter au col de la Lombarde depuis la station d’Isola 2000, c’est soit la route en lacets avec son cortège de motos, parfois en infraction au décibel-mètre, soit le GR52 en parallèle qui m’était inconnu.
Résultat mitigé. Supporter les motos était sans doute préférable à un sentier encombré, très haché et finalement assez peu roulant.
Pour le retour après les lacs, et afin d’éviter le Pas de Sainte Anne déjà roulé de nombreuses fois, je trouve une trace sur Visugpx dans l’espace privé de notre club, l’ASCVTT, qui descend directement par le vallon de Lausfer.
Habituellement, pour analyser une trace dénuée de descriptif ou de commentaires, je regarde attentivement le rapprochement des courbes de niveau pour évaluer la pente, je passe un coup de heatmap Strava histoire de déceler une quelconque fréquentation (info à prendre avec des pincettes), et je cherche ailleurs des traces ou topos approchants (comme un journaliste : croiser les infos !).
Mais cette fois, la confiance sur l’origine de la trace et la curiosité, mêlées à la paresse du moment, font que je récupère directement le fichier gpx sur mon smartphone, aussitôt chargé sur AlpineQuest, mon appli de naviguation habituelle.
Passé le cheminement toujours sublime et parfois soutenu depuis les crêtes jusqu’aux lacs, en passant par passo Tesina et le col du Saboulé, on plonge pour la descente attendue.
Les premières épingles et travers sous les lacs sont un peu sales mais ça roule encore. Puis très vite, la pente s’accentue et ça se complique. Debout sur les freins, roue arrière souvent bloquée tout en glisse sur des sentiers pierriers instables, on se retrouve très vite entre deux vallons ravinés par les intempéries des années passées, puis à pieds, voire en portage pour franchir des éboulements. 750m négatifs épuisants jusqu’aux granges de Guercha Soubeïrane d’où part une morne piste à 4×4 jusqu’à la route.
« Mauvaise pioche » comme on dit !
L’un des trois lacs Lausfer Inférieurs, ou Variclès d’où part l’infernal sentier du vallon du Lausfer
Epilogue
Il y a toujours un risque de déception à emprunter un sentier peu fréquenté, mais l’inverse est aussi vrai ! Et puis les moments de galère sont très vite rangés dans le tiroir des anecdotes…
Alors, même avec cette pléthore de topos et d’outils, le vélo de montagne procure encore des surprises, souvent bonnes, parfois mauvaises, mais on y retourne toujours avec passion, car on est certains d’y retrouver notre graal : de grands espaces, la nature, du fun et du souvenir !
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