Reste donc le camping avec un choix sommes toutes limité : le continent avec le camping de Fusina, bien connu du monde des rameurs notamment au moment de la Vogalonga, mais loin de la cité et adossé au terminal pétrolier, et le charmant petit camping San Nicolo, tout au Nord de l’île du Lido, à quelques coups de pagaie de l’île de Certosa et des entrées Est de la cité lacustre.
Nous avons donc choisi cette dernière option, et elle s’est avérée idéale en tous points.
Le ferryboat
A l’approche de l’estuaire, après la longue et monotone traversée de la plaine du Pô, directe par l’autoroute A4 (Nice – Venise, 600 km), avec une halte camping au lac de Garde à Sirmione pour notre part, les panneaux et les directions se multiplient.
Il faut rester concentrés pour rester sur la bonne voie, et emprunter le long « Ponte della Libertà », parallèle au pont des Lagunes, celui de la voie ferrée qui relie la cité Vénitienne au continent. Dès cet instant on se sent déjà coupé de la terre. Même dans une lagune, la magie des îles opère.
Le port de Venise est un des plus important d’Italie pour le volume du trafic commercial et un des plus important de l’Adriatique et Méditerranée pour la nouvelle mode des « croisiéristes », avec ces géants du tourisme de masse qui déversent 4000 et quelques visiteurs à chaque rotation quotidienne.
La direction « Isola del Tronchetto » nous mène à l’embarcadère pour le ferry qui va nous transporter sur l’île du Lido. Et pas de souci d’horaire, les ferries partent toutes les 50 minutes entre 6h40 et 0h25.
Devant l’entrée du camping San Nicolo, avec le chenal principal pour les entrées et sorties des monstres flottants de la lagune
Camping San Nicolo
A un kilomètre au nord du débarcadère, le camping San Nicolo est une sorte de grand jardin fermé avec environ 200 places pour tentes et camping-cars et quelques mobil-homes. Sa situation est idéale, juste en face des îles La Certosa, Vignole et San Andrea et très proche du côté Est de Venise.
Si les tarifs sont un peu plus élevés que la moyenne, le service, le calme et la propreté sont impeccables. Les kayaks y sont évidemment bienvenus, et on y reviendra volontiers une prochaine fois.
Par contre, si vous n’aimez pas la foule, mieux vaut évidemment éviter la saison estivale et aussi la semaine de la Vogalonga fin mai, où le camping affiche complet longtemps à l’avance.
Mise à l’eau
Le quai qui borde le grand chenal est assez haut, 2 à 3 mètres, et comme les quelques pontons d’accostage en bois sont tous privés, il ne reste que deux accès possibles par des escaliers glissants et un peu étroits.
Celui juste en face du camping étant un peu trop casse-gueule à notre goût, nous pousserons notre chariot 200m plus loin où une plate-forme dallée intermédiaire et des marches plus larges rendent les manoeuvres d’embarquement et de débarquement plus sereines.
Enfin, tout est relatif ! Une fois le kayak à l’eau, maintenu parallèle à l’escalier, il faut prendre position sur une marche glissante à moitié immergée, et surtout gérer le ressac parfois très fort, généré par des bateaux de toutes tailles, du petit hors-bord à la ville flottante des croisières Costa.
Là, y’a un vrai coup de main à prendre. Il faut savoir attendre la petite période d’accalmie, s’asseoir en équilibre dans son cockpit à partir d’un appui précaire, et refaire la manoeuvre inverse au retour, en évitant que la pauvre coque se frotte sur les murets garnis de berniques acérées, et risquer de prendre un bain forcé au passage !
Le chenal
Une fois installés confortablement dans nos bateaux, jupés comme il faut, on se donne le top départ pour la traversée du chenal.
Celui-ci fait trois cents mètres de large tout au plus, mais parcouru de courants traversiers plus ou moins puissants selon la marée, associés à une circulation quelque fois dense et surtout très hétéroclite. Une bonne anticipation est donc requise pour éviter les grosse frayeurs, même si les bateaux de travail de la lagune ont un respect naturel pour les embarcations à rames en général.
Une fois franchie cette autoroute, et selon le programme choisi, on peut soit longer l’île de la Certosa pour atteindre rapidement les entrées Est de Venise, soit emprunter l’un des deux beaux et paisibles canaux autour de l’île de Vignole pour aller vers l’Arsenal de Venise, vers Murano, ou encore vers Burano plus au Nord.
Les monstres de la lagune
Bateaux de commerce ou de croisière, la taille et le tonnage des unités qui entrent et sortent quotidiennement comme par le chat d’une aiguille dans les chenaux étroits de l’hyper fragile lagune sont des non-sens environnementaux qui font bondir les Vénitiens et tous les actifs.
La Vogalonga a d’ailleurs été créée à la fois pour fêter la lagune, sa culture et ses rameurs, mais aussi pour manifester pacifiquement contre les dangers de la houle qui ronge la ville et le danger permanent que représente ces monstres flottants. Les photos parlent d’elles-mêmes…
Revenir
Il est de ces lieux tellement riches et aux trésors parfois bien cachés qu’ils méritent plusieurs visites. Nous y reviendrons probablement, nous perdre encore plus dans le dédale aquatique de la cité, aller plus loin dans la lagune sauvage, et aussi naviguer dans Venise la nuit.
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