Avec la proposition de Francis d’allier grande classique esthétique et ludique avec un déjeuner devant l’un des plus beaux panoramas qui soient, c’est sans hésitation que Banana et moi adhérons au parti « centriste » de Francis, suppléés par Caro, Max, David, et Franco.
Les granges de Furfande
Car les alpages de Furfande sont bel et bien une autre grande classique de la région (à se demander d’ailleurs s’il n’y a pas que des « classiques » par ici !), une sorte de paradis de montagne qui présente la particularité rare d’être enveloppé dans un cirque orienté plein sud, tout en étant en position de nid d’aigle, à 2300m d’altitude au-dessus de la vallée du Guil et tout le sud du Queyras.
Une centaine de granges pour la plupart restaurées témoignent de l’activité pastorale estivale intense entre le 19ème et le 20ème siècle, et au milieu desquelles se trouve le refuge de Furfande, sans doute l’un des plus beau qui soient dans les Alpes.
La montée
La boucle la plus simple est Arvieux – col de Furfande par la piste, et descente par le col de Lauze, le Queyron et le bois des Vaches pour déboucher à la Cassière, juste sous Arvieux. Cette montée peut d’ailleurs se faire tout ou partie en voiture (avec une dernière partie parfois défoncée) mais nous lui préférons le mérite de l’effort, et de la récompense savoureuse et savourée du repas au refuge suivi de la descente en guise de gâteau fondant.
Une montée sur piste sans la Scenic donc, mais scénique néanmoins, et aussi dure pour les pattes, avec près de +1000m d’une traite, dont certaines portions au pourcentage viril.
D’une traite… Au début je m’étais simplement dit « prends ton rythme, gardes-en sous le pied, et on verra…«
D’habitude, il y a des intersections dans les montées, alors on s’arrête pour se regrouper et ne pas risquer de perdre une brebis en route. Mais ici, c’est piste unique jusqu’au col. Un bon bout de montée entrepris avec Francis, notre retraité sur-entrainé de choc.
Alors qu’il met pied à terre à l’occasion d’une des nombreuses rampes au pourcentage peu amical pour les mollets, je me dis « continuons un peu, ça a l’air de se calmer plus haut… » Même topo à la rampe suivante… Et ainsi de suite…
Quand on rentre dans cet engrenage infernal, et que le but se rapproche lentement, ne pas poser le pied devient une sorte d’affaire d’état, avec un public imaginaire massé tout le long de la piste qui agite des drapeaux, souffle dans des trompettes, tout en scrutant votre potentielle défaillance. Alors, ni le vent de face, ni les douleurs musculaires, ni les 4×4 qui vous doublent avec leur nuage carboné, et leurs passagers spectateurs au sourire niais, ni la roue arrière qui fuit sur les cailloux instables, ni ce col à portée de main qui parait pourtant s’éloigner à chaque épingle, ni le souffle rauque d’une respiration qui témoigne d’un effort largement en anaérobie ne me feront dévier de l’objectif : « d’une traite à vélo » !
Pauvres de nous, et notre fierté futile qui nous motive et nous fait pourtant nous dépasser 🙄 En attendant, j’aurai droit aux reproches à peine voilés de Banana qui ne se prive pas d’encenser ses compagnons de montée, qui « eux », ont bien voulu l’attendre !
Le repas
Le groupe est à nouveau réuni sous la crête venteuse du col, pile poil à 2500m, et hop, hop, hop ! Non pas pour boucler le topo fissa avant l’orage ou la nuit, mais Ô joie, seulement parce que l’heure tardive associée à l’appel de l’estomac nous pressent vers le magnifique alpage de Furfande et son refuge gastronomique, 200m plus bas, par un joli sentier joueur.
Pas mal de monde au refuge, c’est logique avec ce soleil aoûtien, mais Ô chance, la grande table plein sud est justement libre, et nous prenons nos aises tandis que les jeunes et fort aimables serveuses prennent commande.
Croyez-nous, la salade montagnarde et l’omelette baveuse valent en cet instant les plus belles tables du monde 😎
La descente
Petit effort pour résister à la sieste Alpine, vite oublié devant la descente plaisir qui nous attend.
Une première partie assez technique avec quelques franchissements, puis un sentier plus ou moins encaissé aux épingles royales. On rattrape un gros groupe de randonneurs… à cheval, enfin ceux-ci sont à pieds dans cet enchainement technique et étroit, et doubler des chevaux aux réactions imprévisibles, plus ou moins garés sur le côté, prend du temps. Courte remontée au hameau du Queyron, puis entrée dans le bois des vaches et son sentier billard dans le mélèzin, avec un final d’épingles grandioses, malheureusement sérieusement amputé par un débardage forestier pratiqué à la hussarde, comme trop souvent…
On remonte tranquillement vers Arvieux avec la banane, tandis que la fête patronale y bat son plein. Entre la tarte aux myrtilles de Furfande et la barbe à papa du stand de tir, notre choix est fait !
Et le soir, barbecue au bois de mélèze au chalet. Les vacances sportives dans le Queyras, c’est trop dur !
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