Groupe, je t’aime, je te hais
A la base, le vélo de montagne est un sport plutôt individualiste. On achète un vélo, on le prend, on va rouler.
Mais rouler seul a plusieurs inconvénients : la sécurité n’est pas trop assurée (certaines chutes vous en font prendre conscience rapidement), les questions d’orientation se posent très vite (habitué des Top25 ou pas), on ose moins s’aventurer en terre inconnue, partage et convivialité sont absents, soutien moral, physique ou matériel aussi, enfin raconter les émois de sa rando à des gens qui n’ont pas partagé l’expérience est un exercice périlleux…
En groupe, toutes ces questions s’estompent ou disparaissent, on a plaisir à partager une bonne bière après l’effort, et nos photos sur internet après la rando. Pourtant il y a aussi des petits tracas, comme le départ du matin par exemple :
- « Eh, on avait dit 8h00 prêts à rouler ! »
- « Bin quoi, je trouvais plus mon gant »
- « Attendez les gars, je crois que j’ai une crevaison lente ! »
- « Et pourquoi mon GPS il a pas trouvé les satellites, y’a pas de réseau ici ? »
- « Vous êtes sûrs que c’est par là ? »
- « On porte encore longtemps ? »
- « Pourquoi y prennent pas le même chemin les autres ? »
- « J’aurais pas du boire du Génépi hier soir… »
Mais on finit quand même par y arriver, et puis on recommence
Portage descendant
Aujourd’hui, porter son vélo pour atteindre baisses, cols et cimes n’est plus tabou. On sait que ça fait plus ou moins mal selon sa condition physique, mais on se dit qu’au delà de la fierté d’un sommet vaincu (et d’un biker vainqueur), du panorama que les autres n’auront pas, des commentaires éberlués des randonneurs pédestres incrédules, il y a forcément la récompense du vététiste des montagnes, son graal ultime : la descente.
Afin d’agrémenter décemment un compte-rendu digne de ce nom, celle-ci se doit d’être « énorme », « dantesque », « de folie », « avec des millions d’épingles », des « portions à mach 2 », et de préférence pour résumer le tout, « une tuerie ».
Mais lorsque par malheur se présentent des poussages ou pire des portages dans la dite descente, on sent comme un un vent de révolte rugir chez ceux qui ont le plus souffert dans la montée : « Tout ça pour ça ! ».
Que le créateur de ce topo se rassure, il s’agit juste d’illustrer ici la descente sous le col delle Sagne qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable par sa roulitude, mais toujours dans un cadre somptueux 😉
De la brume dans le gaz
Le brouillard qui menaçait depuis le début de ce raid a fini par nous atteindre au refuge bruyant de Bonfante, où se sont réunis plus d’une centaine de randonneurs de toutes origines.
Mama mia, on fait pas de vieux os, et on donne des coups de pieds à Max, notre Italien charmeur, qui persiste à répondre aux multiples sollicitations de randonneuses visiblement fascinées.
Le long travers monta calla et parfois gazeux qui passe juste sous le Pelvo d’Elva se fera donc dans le coton, et sans panorama cette fois. Quant aux randonneurs croisés ou doublés, rien à dire ils sont tous aimables et courtois. Le vététiste aurait-il plus la cote en Italie ?
Tuerie entre amis
L’arrivée au colle Bicocca est l’occasion d’une longue pause car le groupe accuse bien la fatigue accumulée.
Et il fallait ça pour profiter au mieux d’une énorme, magistrale et dantesque descente de folie avec des millions d’épingles et des portions à mach 2 sur le sentier U22 jusqu’à Chiesa 🙂 Sérieux, cette descente est un must sur ce raid, même si elle exige des ressources parfois un peu émoussées après ces deux jours pleinement engagés.
Lavage pour presque tous dans le lavoir du village à l’eau glacée, navette des voitures restées à Santa Anna, et long retour juste pour le match que Shostag ne voulait rater pour rien au monde 😉
Deux jours de récupération pour les courbatures, pendant que les premières photos tombent sur le net : ah oui, c’était quand même beau !
Galerie
4 Commentaires
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- Tour du Pelvo d’Elva : Santa Anna, Bellino, Sarreto | SophiaOutdoor - [...] Le deuxième jour ! [...]
Magnifiques tes photos Bourriquet 😀
Vraiment dommage que le long travers sous le Pelvo ait été fait dans la brume. Le U22 c’est de la balle ! Ca c’est clair !!! Avec ou sans brume !
Super CR Pierrot !
J’ai adoré le passage « tuerie entre amis »
Excellent approche de la souffrance en VDM 😉
la « roulitude » des 150 m de D- sous le colle de la sagne est de 99% sur le bike, mais il est vrai un peu chaud, m’enfin il en reste 1350 m pour compenser avec les 800 m de la super spéciale du col Bicoca à chiésa
@Phil’Ô : pour le travers du Pelvo, une prochaine fois ! Mais la brume a son charme aussi.
@Florent : Ouais, je vais développer un peu dans un autre billet 😉
@Nissart : J’en doute pas ! Mais je sais pas si on a pris au bon endroit, et je parle surtout de l’ensemble de la descente. Certes, on « peut » rester sur le vélo, mais à niveau technique moyen-correct, c’est « chiant », surtout après le portage qui précède !